Matricule
« 45215 » à Auschwitz
Marcel Fées est né le 28 juin 1902 à Pau (Basses Pyrénées
/ Pyrénées Atlantiques).
Il est le fils d'Elise Catherine Laforcade, âgée de 32 ans, négociante et de Jean, Albert Fées, 43 ans, employé de banque, son époux. Ses parents habitent maison Castelbieilch au 21 rue des Cordeliers à Pau.
Marcel Fées est domicilié 23 rue Lambert à Paris (18ème)
dans le quartier « Clignancourt », au moment de son arrestation.
Il épouse Yvonne Hogrel le 25 mai 1940 à Paris 18ème. Le couple n’a pas d’enfant.
Il travaille comme
cuisinier.
Marcel
Fées est membre du Parti communiste.
En
juin 1940, un triangle de direction clandestin du Parti communiste fonctionne
depuis plusieurs mois dans le 18ème. Il est composé de Spilers,
Guilleminot et Maurice Rioux. Avec le retour de l’armée de plusieurs militants,
le triangle est modifié et constitué de Laprade, Armand Schkolnic et Maurice
Rioux jusqu’au soir du 26 novembre 1940 où Laprade et Schkolnic sont arrêtés
(Armand Schkolnic est déporté comme Juif à Auschwitz dans le convoi du 5 juin
1942). Gustave Depriester devient alors le responsable politique du
quartier des « Grandes Carrières », au sein d’un triangle de
direction clandestin composé de Maurice Rioux et Alex Le Bihan. Et Alex
Le Bihan prend la responsabilité du triangle clandestin à suite de
l’arrestation de Gustave Depriester le 29 novembre 1940.
Marcel
Fées est arrêté par la police allemande (par la Gestapo, indique le BAVCC, Bureau
des archives des victimes des conflits contemporains) le 18 octobre 1941 à
Paris. Déféré devant le procureur en attente de jugement, il est sans doute
condamné à une peine de prison et interné à la Santé. A la date d'expiration
normale de sa peine d'emprisonnement, François Bard, Préfet de police de Paris,
ordonne son internement administratif. Il est maintenu à la Santé (BAVCC).
Il
est ensuite remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci
l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122) le 25
mars 1942, selon le BAVCC. On trouve cependant d’autres dates dans les archives
de la Police (internement au Dépôt de la Préfecture début mai pour un transfert
le 5 mai 1942 à Compiègne, à la demande des autorités d’Occupation).
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Il est
déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000». Ce convoi d’otages composé, pour
l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et
syndicalistes de la CGT)
et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur
enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles
allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions
armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et
des soldats de la Wehrmacht,
à partir d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du
transport : Compiègne-Auschwitz
: 6, 7, 8 juillet 1942.
Marcel
Fées est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro
«45420» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les
historiens polonais du Musée d'Etat d'Auschwitz. Lire
dans le blog le récit de leur premier jour à Auschwitz : L'arrivée
au camp principal, 8 juillet 1942. et 8
juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, "visite médicale".
Dans la liste du convoi son nom est orthographié « Bées », ce qui
explique que le matricule qui lui est attribué le 8 juillet corresponde aux « B »
des membres du convoi.
Sa
photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des
membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver
de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation
d’Auschwitz.
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Creusement du Königsgraben par le Kommando disciplinaire |
Après
l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y
sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp
annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13
juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS
ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz
I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés
au terrassement et à la construction des Blocks. Marcel Fées est de la moitié
des déportés qui restent à Birkenau. Il est affecté au Kommando du Königsgraben (creusement du canal).
Marcel
Fées meurt à Birkenau le 10 juillet 1942 criblé de balles par un SS, alors
qu'il se dirigeait vers les barbelés, selon le témoignage d'Henri
Peiffer qui était à Birkenau avec lui. Il mentionne trois tentatives
d'évasion de "45 000" : « Le Königsgraben était le kommando où les camarades furent engagés. Et
c'est là que la première évasion eut lieu. Celle de notre camarade Fées. Les SS
le pourchassèrent et le criblèrent de balles. Le soir à l'appel :
"Voilà ce qui vous attend si vous tentez de vous échapper", gueula le
principal SS du camp. A la fin juillet, deux camarades français, dont j'ai
oublié les noms, s'évadèrent également. Ils furent repris et exécutés. Au mois
de septembre 1942, un camarade français s'évade : punition collective pour
le block, marche en canard particulièrement éprouvante. Plusieurs ne se
relèvent pas.
Pour
René
Aondetto : « Un camarade de
notre convoi s'est dirigé vers les barbelés entourant le camp de Birkenau. Il
franchit la première rangée, traversa le chemin de ronde, se faufila encore à
travers la deuxième rangée. Il n'y avait pas de courant à ce moment-là dans les
clôtures de barbelés. Hors de l'enceinte du camp, il partit droit devant lui et
malgré nos appels, il ne se retourna pas. Les SS des miradors le laissèrent
parcourir trente à quarante mètres avant de l'abattre. Quelque temps après,
nous vîmes un gradé SS aller lui tirer une balle dans la nuque. Je ne
connaissais pas le nom de ce camarade. Mais pour moi, ce fut le premier mort
certain du groupe ».

Ce
certificat porte comme cause du décès « Herzanfall » (crise cardiaque).
L’historienne polonaise Héléna Kubica explique comment les médecins du camp
signaient en blanc des piles de certificats de décès avec «l’historique
médicale et les causes fictives du décès de déportés tués par injection létale
de phénol ou dans les chambres à gaz». Lire dans le blog : Des causes de décès
fictives.
Un
arrêté ministériel du 23 mai 2008 apposant la mention Mort en déportation sur son acte de
décès et paru au Journal Officiel du 4 juin 2008,
porte la mention « décédé
le 12 juillet 1942 à Auschwitz (Pologne) ».
- Fichier
national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains
(BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre
1993.
- Témoignage
d'Henri Peiffer, rescapé du convoi.
- Copie d'état civil (ville de Pau).
- Archives de la Préfecture de police
de Paris, Cartons occupation allemande.
- Liste
(incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les
historiens du Musée d'Etat d'Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des
victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant
généralement la date de décès au camp.
- Fichier
national des déplacés de la Seconde guerre mondiale (archives des ACVG).
- Death
Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État
d’Auschwitz-Birkenau,
1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de
décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et
le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par
l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
Biographie mise à jour en décembre 2013 à partir de la notice rédigée
en 2002 par Claudine Cardon-Hamet pour l’exposition de Paris de l’association «Mémoire vive». Claudine Cardon-Hamet,
docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions
Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet
1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de
mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce blog) en cas de
reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette
biographie. Pour compléter ou corriger cette biographie, vous pouvez me
faire un courriel deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
Pensez à indiquer les sources et éventuellement les documents dont vous
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