Martial Georget est né le 28 février
1910 à Crézancy (Aisne). Il est le fils de Léontine Lhomer et de Paul Georget
son époux.
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Le 24 rue A. France |
Il
habite au 24 rue Anatole France à Alfortville au moment de son arrestation.
Martial
Georget est manœuvre dans une entreprise de la métallurgie. Syndicaliste, il
est trésorier de la section locale des Métaux d’Ivry.
Militant
du Parti communiste clandestin, il est arrêté par des agents du commissariat de
Charenton le 15 octobre 1940 pour « propagande
communiste ». Inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939, il
est transféré au Dépôt. Il est incarcéré à la maison d’arrêt de la Santé le 18
octobre 1940 en attente de jugement.
Le
22 octobre 1940, présenté devant la 12ème chambre du tribunal
correctionnel de la Seine, il est condamné par celle-ci à 15 mois d’emprisonnement.
Il se pourvoit en appel. Son pourvoi au greffe du tribunal est suivi d’un arrêt
de la cour d’appel de Paris le 16 décembre 1940, qui maintient la condamnation
à 18 mois, et il est transféré à la Maison d’arrêt de Fresnes le 23 décembre
1940. L’hypothèse d’une remise en liberté n’est pas à écarter, puisque le 8 mars 1941, Martial Georget est à nouveau inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 et incarcéré à la Santé. Il passe en jugement le 29 avril 1941 et comparait à nouveau devant la 12ème chambre du tribunal correctionnel de la Seine, avec une vingtaine d’autres militant(e)s, dont plusieurs habitants d’Alfortville et des communes voisines. Trois d’entre eux seront déportés avec lui à Auschwitz (René Caron, Lucien Tourte et Felix Vinet) (1).
Il
est à nouveau transféré à Fresnes le 3 juin 1941 pour purger sa peine qui a été
maintenue à 18 mois selon le principe de confusion des peines (2). Son pourvoi
en appel a dû ramener celle-ci à 9 ou 12 mois. En effet, à la date d'expiration
normale de sa peine d'emprisonnement, Marial Georget n’est pas libéré : il
est renvoyé au Dépôt de la Préfecture et le préfet de police de Paris, François
Bart, ordonne son internement administratif au CSS de Rouillé(3) en application
de la Loi du 3 septembre 1940 (4).
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Maquette en bois du CSS de Rouillé par Camille Brunier |
Le
10 novembre 1941, Martial Georget qui a été maintenu entre temps au Dépôt est transféré
au CSS de Rouillé avec un groupe de 57 autres militants communistes parisiens.
Début mai 1942, les autorités allemandes adressent au directeur du
camp de Rouillé une liste de 187 internés qui doivent être transférés au camp
allemand de Compiègne (Frontstalag 122). Le nom de Martial Georget (n° 86 de la liste) y figure et c’est au sein d’un groupe
de 168 internés (5) qu’il arrive au camp allemand de Royallieu à
Compiègne (Frontstalag 122) le 22 mai 1942. La
plupart d’entre eux seront déportés à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet.
Martial
Georget est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000». Ce convoi d’otages composé, pour
l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et
syndicalistes de la CGT)
et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur
enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles
allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions
armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et
des soldats de la Wehrmacht,
à partir d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du
transport : Compiègne-Auschwitz
: 6, 7, 8 juillet 1942.
Le numéro «45592 ?» inscrit dans
mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et
2000) correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par
matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr
en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la
persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur
plusieurs centaines de numéros matricules.
Seule la reconnaissance, par un
membre de sa famille ou ami de la photo
d’immatriculation publiée ci-contre et au début de cette biographie pourrait
désormais en fournir la preuve.
Martial
Georget meurt à Auschwitz le 28 août 1942, d’après
le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from
Auschwitz Tome 2 page 343 et le
site internet © Mémorial
et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau).
Le
nom de Martial Georget est inscrit sur une plaque commémorative apposée dans le
square Jean Albert (mairie d’Alfortville).
- Note 1 : Une seule certitude quant à la date de cette deuxième possible arrestation : le nom de Martial Georget ne figure pas sur la liste des 20 militants arrêtés le 31 décembre 1940 par les inspecteurs de la brigade des Renseignements généraux en collaboration avec le commissariat de Puteaux et dont la plupart seront jugés en même temps que lui le 29 avril 1941.
- Note 2 : Si les
infractions sont de même nature, une seule peine est prononcée dans la limite
du maximum légal de la plus élevée.
- Note 3 : L’internement
administratif a été institutionnalisé par le décret du 18 novembre 1939,
qui donne aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et, en cas de
nécessité, l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé,
« des individus dangereux pour la
défense nationale ou la sécurité publique ». Il est aggravé par le
gouvernement de Vichy fin 1940. La loi du 3 septembre 1940 proroge le
décret du 18 novembre 1939 et prévoit l'internement administratif de
"tous individus dangereux pour la
défense nationale ou la sécurité publique". Les premiers visés sont
les communistes
- Note 4 : Le
camp d’internement administratif de Rouillé (Vienne) est ouvert le 6 septembre 1941,
sous la dénomination de «centre de séjour surveillé», pour recevoir 150 internés politiques
venant de la région parisienne, c’est-à-dire membres du Parti Communiste
dissous et maintenus au camp d’Aincourt depuis le 5 octobre 1940. D’autres
venant de prisons diverses et du camp des Tourelles. In site
de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé.
- Note 5 : Dix-neuf internés de la liste de 187 noms sont manquants le
22 mai. Cinq d’entre eux ont été fusillés (Pierre Dejardin, René François,
Bernard Grimbaum, Isidore Pertier, Maurice Weldzland). Trois se sont évadés
(Albert Belli, Emilien Cateau et Henri Dupont). Les autres ont été soit
libérés, soit transférés dans d’autres camps ou étaient hospitalisés.
Sources
- Fichier
national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains
(BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre
1993.
- Archives de la Préfecture de police,
Cartons occupation allemande, BA 2374.
- liste
de détenus transférés du camp de Rouillé vers celui de Compiègne le 22 mai
1942, n° 181, (XLI-42, Centre de Documentation Juive Contemporaine, Mémorial de
la Shoah, Paris IVème).
- Death
Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État
d’Auschwitz-Birkenau,
1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de
décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et
le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Archives en ligne du Val de Marne
- © Bulletin de l’Amicale Châteaubriant,
Rouillé, Voves. Maquette du CSS Rouillé, œuvre de Camille Brunier, ancien
Résistant, ancien menuisier, professeur d’atelier au Lycée de Vonours.
- © Alfortville,
Google Maps.
Biographie mise à jour et
installée en mars 2013 par Claudine Cardon-Hamet,
docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions
Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet
1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de
mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce blog) en cas de
reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette
biographie. Pour compléter ou corriger cette biographie, vous pouvez me
faire un courriel deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
Pensez à indiquer les sources et éventuellement les documents dont vous
disposez pour confirmer ces renseignements et illustrer cette biographie.
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