Le 22 juin 1941, l'Allemagne attaque
l'Union soviétique.
Hitler engage son pays dans
ce qu'il considère comme le grand combat contre l'adversaire idéologique et «racial» du peuple germanique, le «judéo-bolchevisme». Dans les pays occupés,
il ordonne de dissuader, par une répression draconienne, toute manifestation de
résistance susceptible d'amoindrir son effort de guerre. En France, dont les
richesses particulièrement abondantes sont largement pillées par l'occupant, il
lui est important que la population continue de travailler dans le calme au
profit de l'économie de guerre allemande. C'est pourquoi plus d'un millier de
communistes, dont le parti reste influent sur la classe ouvrière, sont arrêtés
à titre préventif et transférés à partir du
27 juin au camp de Compiègne, administré et gardé par l’armée allemande.
Cependant, aussitôt connue
la nouvelle de l'entrée de la
Wehrmacht sur le sol soviétique, le Parti communiste appelle
le peuple de France à aider l'URSS par tous les moyens et l'incite à préparer
sa propre libération. Il organise des distributions de tracts et plusieurs
manifestations de rue contre l'occupant. Le gouvernement de Vichy, sensible au
changement de l'opinion qui recommence à espérer, et soucieux d'affirmer son autorité
sur l'ensemble du territoire, prend de son côté des mesures d'exception,
dirigées principalement contre les communistes. Toutefois, l'Armée rouge
recule et la situation devient de plus en plus alarmante.
Le 1er
juillet 1941, le Parti communiste clandestin reçoit un télégramme de
l'Internationale communiste lui demandant de détruire les dépôts et les usines
de production d'armes, et d'utiliser tous les moyens pour empêcher le transport
des armes et des troupes allemandes. De petits groupes communistes multiplient
les sabotages.
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Avis du 19 août 1941 concernant Samuel Tyszelman et Henry Gautherot |
Les autorités allemandes s'engagent alors dans une répression
particulièrement sévère qui a valeur d'avertissement pour toute la Résistance.
Des
tribunaux allemands condamnent à mort de jeunes communistes qui sont aussitôt
fusillés.
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Otto von Stülpnagel |
Puis, le 14 août, Otto von Stülpnagel, commandant des
troupes d'occupation en France (MBF), signe un décret rendant passible de la
peine de mort toute activité communiste.
Entre le 19 et le 23 août 1941,
au nom de la lutte contre le «judéo-bolchevisme»,
plus de 4000 juifs parisiens sont arrêtés par des soldats allemands, aidés de
la police française, et internés à Drancy.
Un
nouvel échelon dans la répression
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Avis : seront considérés comme otages... |
La direction du Parti
communiste refuse de se laisser intimider.
Le 21 août 1941, au métro Barbès,
Pierre Georges, le futur colonel Fabien, tire sur l'aspirant de marine
allemand, Moser. Ces coups de feu sont une riposte aux dernières exécutions et
le signal de la reprise de la guerre sur le sol français.
Le jour même,
l'administration militaire menace la population de fusiller, en cas de nouvel
attentat, des otages choisis parmi les personnes détenues pour le compte des
autorités allemandes ("Avis" ci-dessus).
Ce décret marque les débuts de la politique des otages. Cependant, loin d'être
le point de départ de la terreur allemande, le «système des otages» ne représente qu'un échelon supérieur dans
l'escalade d'une politique de répression dont les orientations avaient été
définies par Hitler dans le cadre même des préparatifs de la guerre contre l'URSS.
L'institution de ces
pratiques terroristes va se heurter à l'opposition de la Wehrmacht, hostile à
l'introduction, en Europe de l'Ouest, de ce qu'elle appelle les «méthodes polonaises». Otto von
Stülpnagel, conscient de la menace qu'une répression aveugle ferait peser, en
France, sur la politique d’apaisement qu’il tente de pratiquer, s’efforce de limiter
les interventions de l'administration militaire allemande et préfère s'en remettre, comme
par le passé, au gouvernement de Vichy qui pratique depuis octobre 1940 une
politique de collaboration. Il autorise la création d'une juridiction spéciale
française en territoire occupé et fait pression sur Pétain pour obtenir la
condamnation à mort de six militants communistes.

Cependant, la poursuite des
attaques communistes contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht amène Otto Von
Stülpnagel à procéder à des exécutions d'otages dont le commandant du Gross-Paris avait menacé, en son nom,
la population française. Il fait exécuter, le 6 septembre, trois communistes
qualifiés de «terroristes,
anarchistes et communistes, proches de milieux responsables de ces attentats»,
puis augmente graduellement le nombre des fusillés pour chaque nouvel
attentat.
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Keitel |
Cette application qui reste en
deçà des instructions d’Hitler, irrite le Führer qui dicte, à la mi-septembre,
au général Keitel, chef de
l'État-major de la Wehrmacht,
de nouvelles mesures de terreur. Le Keitelbefehl [décret
Keitel] du 16 septembre 1941 ordonne l'exécution de 50 à 100 otages communistes
par soldat allemand tué. Il exige, en outre, la peine de mort pour les
résistants jugés par les tribunaux militaires, siégeant en pays occupés, ou la
déportation en Allemagne, dans «la nuit
et le brouillard», de tous ceux qui ne pourraient être condamnés dans des
délais rapides à la peine capitale. La Wehrmacht désapprouve cette orientation, car elle
redoute qu'elle ne suscite l'hostilité, vis-à-vis des forces d'occupation, de
la population dans les pays occupés à l'Ouest, encore largement attentiste.
Elle obtient, par le décret Nacht
und Nebel, paru en décembre 1941 et dont le délai d'élaboration traduit les
réticences, le maintien d'une procédure judiciaire pour tous les auteurs de
délits commis contre le Reich ou la puissance occupante.
Ceux qui devaient être
transférés en Allemagne passeront devant des tribunaux allemands, contrairement
aux intentions d’Hitler qui voulait les interner directement en camp de
concentration. Toutefois, les conditions de leur procès ne garantissent pas que
le droit soit respecté. Ce décret apparaît donc comme une demi-mesure, comme
une concession (passagère) faite à la Wehrmacht, avant que la police de Sécurité ne
s'en empare pour expédier directement la majorité de ces résistants NN dans les
camps de concentration du Reich. De son côté, Otto Von Stülpnagel, appuyé par
ses supérieurs, continue d'appliquer, avec une certaine modération, le système
des otages qu'il codifie à l'intention de ses subordonnés, le 26 septembre
1941.
Le
bain de sang d'octobre 1941
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50 otages seront fusillés... |
Mais, en octobre 1941, deux
attentats retentissants contre le Feldkommandant de Nantes et un conseiller
d'administration militaire à Bordeaux viennent confirmer, aux yeux d’Hitler,
l'échec de la politique pratiquée par Otto Von Stülpnagel. Il exige des
représailles massives : 48 otages sont fusillés dans la région de Nantes - dont
27 communistes au camp de Châteaubriant - et 50 au camp de Souge, près de
Bordeaux (Avis ci-contre). Persuadé
que l'amplification de la terreur ne fera pas céder les communistes, que les
investigations de la police française ont permis d'identifier comme les auteurs
des attentats, Otto Von Stülpnagel réaffirme dans un rapport adressé à Berlin
que «de pareilles méthodes (sont) inapplicables
à la longue».
Il est conscient que ce bain de sang risque de compromettre,
de façon définitive, les bases de sa politique. Les rapports entre la
population et l'occupant deviennent, en effet, de plus en plus tendus et la
collaboration s'avère de plus en plus difficile à mettre en œuvre. Pétain prend
ses distances par rapport à la politique allemande des otages. Après
l'implication des services français dans le choix des fusillés d'octobre, il
interdit aux préfets de la zone occupée de désigner et d'arrêter, à la demande
des autorités allemandes, des personnes susceptibles d'être prises comme
otages. Par contre, il renforce la surveillance et la répression
anticommunistes et continue de collaborer étroitement, dans ce domaine, avec la
police allemande.
Annonce
de déportations massives
Dès lors, Otto Von
Stülpnagel s'emploie à rechercher une politique de rechange aux exécutions
massives d'otages. À la suite d'une série de nouveaux attentats commis à la fin
du mois de novembre et au début de décembre, il propose à Hitler, le 5
décembre, la déportation de 1000 juifs et 500 jeunes communistes dans l'est de
l'Europe.
Cette disposition viendrait en complément de l'exécution de 100
otages, dont il réduisait ainsi le nombre par rapport aux instructions du Keitelbefehl.
Dans son esprit, les déportations massives d'otages devaient, à l'avenir, se
substituer aux exécutions. Pétain, aussitôt averti de ce projet, cherche une
nouvelle fois à devancer les Allemands et prend de nouvelles mesures de répression
contre les étrangers, les Juifs récemment installés en France et les
communistes. Dans la proposition d'Otto Von Stülpnagel, pour la première fois,
les Juifs sont officiellement désignés parmi les instigateurs des
attentats.
Or, cette proposition est
formulée au moment où se prépare la conférence de Wannsee, dont la tenue,
finalement reportée au 20 janvier 1942, a pour objet la généralisation à
l'ensemble des pays sous domination allemande de l'extermination des Juifs,
camouflée sous le nom de «Solution
finale du problème juif en Europe».
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L'avis du 14 décembre 1941
paru dans le journal collaborationniste Le Matin (MRN Champigny). |
Le 12 décembre, Otto Von
Stülpnagel, reçoit l'accord de Hitler et annonce le 14 décembre, parmi les
représailles des derniers attentats, qu'un « grand nombre d'éléments criminels judéo-bolcheviks seront
déportés aux travaux forcés à l'Est »
Le 15 décembre 1941, 95 otages sont exécutés, parmi lesquels se trouvent deux
dirigeants communistes : Gabriel Péri et Lucien Sampaix. Cependant, les préparatifs
de la déportation des 1000 Juifs et des 500 jeunes communistes, qui devaient
s'achever au 20 janvier 1942, sont interrompus par un télégramme de Berlin, daté du 24 décembre 1941.
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Liste des jeunes communistes nés entre 1912 et 1922, «aptes à être déportés à l’Est» 21/12/1941.
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Le projet initial est
modifié : Juifs et communistes devront être déportés séparément. La police de
Sécurité est chargée d'organiser la déportation des Juifs vers l'Est «dans le cadre des évacuations prévues en
février ou en mars». Quant aux jeunes communistes, ils «seront dirigés par la police de Sécurité vers
un camp de concentration, situé à l'intérieur de l'Allemagne».
Le
télégramme du Quartier général motive ces changements par des problèmes de
transport et par des questions de sécurité. Mais ils ont été vraisemblablement
inspirés par la police de Sécurité, chargée de mettre en œuvre le transfert des
juifs d'Europe vers les camps d'extermination.
En attendant l'arrivée des
ordres de départ, des fichiers séparés sont constitués à Compiègne, en février
1942, dont deux pour les détenus destinés à la déportation : l'un pour les
otages juifs, l'autre pour les communistes. Pendant ce temps, les fusillades
d'otages se poursuivent.
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20 communistes seront fusillés... |
En janvier et février 1942, d'autres avis du MBF
annoncent de nouvelles exécutions et la déportation prochaine de Juifs et de
communistes : notamment à la suite du sabotage du transformateur électrique
d'Auboué qui alimente 17 mines de fer du bassin lorrain (Avis ci-contre). C'est le seul cas où des otages furent exécutés
sans qu'aucun soldat allemand n'ait été tué. Ceci montre l'importance que
l'occupant accordait aux conséquences des sabotages pour l'économie de guerre
allemande. Au début de février, par un long rapport et lors d'un entretien avec
Keitel, Otto Von Stülpnagel tente une ultime démarche pour que cesse cette
escalade de la terreur qui, estime-t-il, fait le jeu de la Résistance. Il
demande une nouvelle fois, mais en vain, que les fusillades massives soient
abandonnées au profit de la déportation de Juifs et de communistes déjà
internés. Ses analyses sont pourtant fondées : en février 1942, le climat
politique en France s'est encore détérioré et les préfets font état de
sentiments de haine à l'encontre de l'occupant.
À son retour de Berlin où il
n’a pas pu se faire comprendre, le MBF demande à être relevé de son
commandement.
«Solution finale» et politique des otages
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Karl Heinrich Von Stülpnagel |
Désormais, la politique de
représailles ordonnée par Hitler ne rencontre plus, en France, de véritable
contradicteur. Le départ d'Otto Von Stülpnagel aboutit à la désignation d'un
nouveau commandant des troupes d'occupation, Karl Heinrich Von Stülpnagel, plus enclin à composer, et à la
nomination, en mars 1942, d'un représentant direct de Himmler, Oberg, chef
suprême des SS et de la police pour la France (HSSPF). Ce dernier est chargé de réprimer
la Résistance
et de mettre en pratique la «Solution
finale».
Cependant, l'entrée en
fonction effective d'Oberg, le 1er juin 1942, laisse la responsabilité des
mesures de police à Karl Heinrich Von Stülpnagel pendant près de trois mois.
Dès sa prise de fonction, le nouveau MBF cherche à légitimer la répression
allemande aux yeux de l'opinion française, en rendant publics les procès des
francs-tireurs communistes, arrêtés grâce à l'activité des brigades spéciales
de la police française. Par contre, comme son prédécesseur, il se persuade vite
que les fusillades d'otages retentissent gravement sur les rapports entre les
Français et l'armée d'occupation. Mais sa marge de manœuvre est limitée puisque
Hitler continue de dicter de Berlin les mesures à prendre, exigeant pour chaque
soldat allemand tué l'exécution d'un nombre important d'otages.
Le commandant
des troupes d'occupation se contente donc de modérer ses ordres en réduisant le
nombre de fusillés ou en comptant, comme otages, des résistants déjà condamnés
à mort par des tribunaux de guerre allemands. Dannecker, qui dirige en France
la section des Affaires juives de la
Sipo-SD (antenne de la police de Sécurité), utilise l'annonce
faite par Otto Von Stülpnagel, le 14 décembre 1941, de déporter des Juifs et
des communistes pour obtenir le départ, le 27 mars 1942, de 1 000 otages juifs
pour Auschwitz. Ce convoi est composé des notables juifs arrêtés le 12 décembre
1941 et destinés à être déportés en application de l’avis publié le 14 et internés au camp C de Compiègne et de 300 juifs communistes amenés
du camp de Drancy. C'est à la fois le premier convoi d'otages et le premier
transport de la «Solution finale»
pour la France.
Cependant, les attentats se
font de plus en plus nombreux et les représailles semblent inefficaces. Hitler
franchit alors une nouvelle étape, le 9 avril 1942, en ordonnant pour chaque
nouvel attentat, en plus de l'exécution de 20 otages, la déportation vers l'Est
de 500 communistes, juifs et «éléments
asociaux». Karl Heinrich Von Stülpnagel transcrit ces nouvelles
instructions par ordonnances, dès le 9 et le 10 avril. Le 24 avril, il émet de
nouvelles directives pour désigner les otages à déporter et à transférer au
camp de Compiègne. Le 6 mai, le chef de la Gestapo à Berlin ordonne au responsable de la
police de Sécurité en France de former un premier transport de 1000 prisonniers
pour Auschwitz.
Ces ordres seront
directement à l'origine de la préparation du convoi des «45000». Dannecker intervient alors pour que les otages juifs
partent les premiers. Il réussit à expédier à Auschwitz, le 5 juin, toujours
sous le prétexte de la politique de représailles, un nouveau convoi d'un
millier de juifs rassemblés, pour la plupart, en avril et en mai 1942, au camp
de Compiègne.
Mille
otages pour Auschwitz
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Oberg à Paris |
L'entrée en fonction
d'Oberg, le 1er juin, entraîne des modifications notables dans la
répression de la
Résistance. Le représentant de Himmler suit rigoureusement
les recommandations formulées en mai 1942 par Heydrich, chef de la police de
Sécurité et du SD.
Celui-ci considérait que le système des otages était
inadéquat dans un pays comme la
France et devrait être abandonné dès que la police serait en
mesure d'arrêter les véritables auteurs des attentats. Pour ce faire, en juin
1942, les effectifs et les pouvoirs de la police allemande sont renforcés.
D'autre part, Oberg obtient, par les accords passés avec René Bousquet, chef de
la police française, la collaboration étroite de celle-ci dans la lutte contre
les «communistes, terroristes et
saboteurs» ainsi que sa participation à l'arrestation des juifs
étrangers.
En attendant que les effets
de ces mesures se manifestent, Oberg introduit un certain nombre de changements
dans la politique des otages.
Au lieu de répondre immédiatement à chaque nouvel
attentat par des représailles, la police s'accorde le temps nécessaire à la
recherche des coupables, comme l'avait d'ailleurs demandé Otto Von Stülpnagel.
Ce qui entraîne la suspension des fusillades entre juin et août 1942.
Parallèlement, elle tente d'en renforcer le caractère dissuasif. Par le décret
du 10 juillet 1942, la désignation des otages est étendue aux membres de la
famille des résistants en fuite. D'autre part, les sanctions relatives à chaque
attentat sont regroupées de manière à les rendre plus terrifiantes. Le 11 août,
88 otages sont fusillés dans la même journée.
En septembre, la seconde vague
d'exécutions est annoncée le 19, deux jours avant sa réalisation, afin
d'intimider la population parisienne que le Parti communiste avait invitée à
manifester pour l'anniversaire de Valmy. Cette fois, le chiffre de fusillés -
116 - est calculé en doublant le nombre d'Allemands tués ou blessés par
attentats depuis le 11 août (ils sont fusillés le 21 septembre 1941: 46 au Mont Valérien et 70 au camp de Souges). Enfin, une réserve d'otages «fusillables», composée de résistants accusés de graves délits, est
instituée au fort de Romainville.
Entre juin et décembre 1942,
aucune nouvelle déportation d'otages n'est organisée. Seuls les préparatifs des
déportations de représailles, commencés sous l'autorité du MBF, sont
poursuivis. Les convois sont tous dirigés vers Auschwitz. Quatre transports de
juifs, arrêtés en mai et août 1941, quittent la France les 22, 23 et 28
juin et le 17 juillet 1942. Un convoi de plus de mille otages communistes et
«asociaux» part de Compiègne, le 6 juillet 1942, complété avec les derniers 50
otages juifs «déportables» internés à
Compiègne. Il s'agit des futurs «45000». Sous la direction d'Oberg, la
police de Sécurité renonce définitivement au «système des otages», sous la forme où il avait été ordonné par
Hitler, codifié par Otto von Stülpnagel et complété par son successeur. Les
exécutions massives d'otages, décidées de Paris par la police de Sécurité, sont
suspendues en octobre 1942. Selon un rapport de janvier 1943 de la police de
Sécurité en France, celle-ci avait renoncé à procéder aux exécutions d'otages,
à cause de l'indignation qu'elles soulevaient dans la population française et
afin de ne pas gêner le recrutement de travailleurs pour l'Allemagne. De plus,
le perfectionnement des moyens policiers allemands et la collaboration active
de la police française permettaient désormais d'arrêter un nombre de plus en
plus important de résistants.
À partir de janvier 1943, les Allemands privilégient la déportation massive des
membres de la Résistance
vers les camps de concentration sans exclure, cependant, les condamnations à
mort par les tribunaux militaires allemands, les exécutions ponctuelles de
représailles et l'envoi de résistants en Allemagne, dans le cadre de la
procédure «Nacht und Nebel».
Les déportations par convois
de 1000 à 2000 personnes vers les camps de concentration, offrent un triple
avantage pour les Allemands : conjuguer une répression de masse destinée à contrecarrer les
progrès de la Résistance,
intimider une population de plus en plus hostile et de plus en plus réfractaire
aux exigences allemandes, et augmenter la main-d’œuvre concentrationnaire
travaillant pour la machine de guerre nazie.
Claudine
Cardon-Hamet
Texte extrait en
partie de mon livre «Mille otages pour
Auschwitz - Le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000». Éditions Graphein,
2000 (épuisé).
Photos
- Panzer, opération "Barbarossa" :
Deutsches Bundesarchiv, Foto Grimm Arthur Juni 1941.
- Les affiches titrées «Avis» :
Musée de la Résistance nationale à Champigny et
Archives municipales en ligne de Nantes.
- Otages fusillés à Rochefort novembre 1941 (
© MRN Champigny).
- Photos d’Otto von
Stülpnagel et Karl Heinrich Von Stülpnagel © Deutsches Bundesarchiv.
- Photo d'Oberg à Paris. © Deutsches Bundesarchiv.
- Photo : Liste des
jeunes communistes nés entre 1912 et 1922, «aptes
à être déportés à l’Est» en date du 21/12/1941
(archives du CDJC. XLIV-198).
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